Nouvelle policière

 

Bases :

Lieu : musée, archives ou médiathèque Elbeuf

Région : Normandie

Action : cambriolage

Mobile : les revendre à un collectionneur étranger ou non

Moyens :

Héros : Un policier homme (Maxence) et une femme (Luna), une voleuse. Un improbable amour ?

 

Qui est cette femme ? Elle est jeune, 18 ans. Pas de métier, elle est au chômage. Elle n’a pas fait d’études supérieures. Elle s’est arrêtée au brevet. Parents divorcés, de nombreux frères et sœurs. Française depuis plusieurs générations. La famille est assez pauvre. Elle ne vit plus avec sa famille. Elle a un petit appartement. Elle fait croire à ses parents qu’elle poursuit des études. Elle cherche une solution pour s’en sortir. Elle vit à Elbeuf. Elle a des petits amis, mais rien n’est fixé. Un rêve ? Avoir un travail fixe, honnête et agréable. Elle aimerait être coiffeuse. C’est une fille intelligente et rusée. Elle s’instruit toute seule. Autour d’elle, des voleurs, des dealers, pas de vrais amis. Personne sur qui compter. Elle ne se drogue pas et ne les suit pas dans leurs bêtises. Elle est tout de même sur le fil du rasoir. Ses petits amis peuvent être des voleurs et des dealers. 

Portrait :

Physique : Elle est très brune. Ses cheveux sont noirs et longs. C’est une jolie fille. Elle est grande et mince. Elle a des yeux noisette. Pas de lunettes. Habillée vulgairement : mini-jupe au ras des fesses. Maquillage outrancier. Large décolleté en V.

Moral : Fille joyeuse, mais elle cache de la tristesse. Elle ment à ses parents et le vit mal. Elle pourrait être sérieuse et honnête, capable de bonnes choses. Elle a un bon fond. Elle est tombée sur de mauvaises fréquentations.

Qui est cet homme ? Il est lieutenant de police. Travaille sur Elbeuf et habite à Rouen. Divorcé. Deux enfants. Il a une trentaine d’années. Il est beau garçon. Pas plus d’ambition que ça, il veut faire son petit bonhomme de chemin. Il n’a personne dans sa vie. Il vit seul et doit faire le deuil de son divorce. Il est torturé par la vie, supporte mal d’être séparé de ses enfants. A la base, famille aimante. Pas de frère et sœur. Parents divorcés mais beaucoup d’amour pour lui de part et d’autre. Classe moyenne. Il est bien dans son boulot. Passionné de sport. Il est français depuis plusieurs générations. Il a un « meilleur ami », quelqu’un sur qui compter. Il s’entend bien avec ses collègues. Il cherche toujours à apaiser les conflits. 

Portrait 

Physique : Cheveux courts et bruns, yeux bleus, mince et grand, musclé, bien habillé, élégant et classique. Il est plutôt en civil qu’en uniforme.

Moral : Il est honnête, sincère. Il aime son travail et veut le faire bien. Il a des valeurs. Il a une vie saine.

 

1er volet : on explique comment elle en arrive là. Présentation de la jeune fille, de son mode de vie.

2ème volet : rencontre dans un bar avec son petit ami du moment et l’acheteur potentiel de l’archive ou d’un ou plusieurs livres rares qui peut lui demander de le lui procurer contre l’effacement de la dette contractée envers lui par le petit ami. C’est un homme, un Russe. Il est riche et collectionneur. Il s’intéresse à l’époque napoléonienne. Il vit en France, à Paris. C’est l’ambassadeur de Russie. Pendant sa scolarité, elle a eu l’occasion de voir les livres offerts par Napoléon à la médiathèque d’Elbeuf. Elle lui en parle. Comme elle est naïve, elle accepte de voler pour lui l’objet de sa convoitise.

3ème volet : Rencontre des deux héros. Il lui demande ses papiers dans la rue. Attirance réciproque. Il la recherche ensuite. Il a retenu son adresse. Comment la retrouver ? Il la retrouve incidemment ou il va sonner chez elle. Aventure sans lendemain de sa part à elle. Lui, plus sérieux. Il va se rendre compte au bout d’un moment qu’elle évolue dans un milieu pas très net. Comme il est épris, il espère faire basculer les choses et ne fait rien contre les amis de la fille. Sujet de dispute entre eux. Elle est bien comme elle est et ne souhaite apparemment pas changer de vie. Mais au fond d’elle-même, peut-être…

Le cambriolage : Va-t-elle avoir des complices ? Oui, son petit ami ne serait-ce que pour surveiller les alentours, mais il la laisse faire le plus gros du boulot et n’hésitera pas à se sauver en cas de danger.

 

Début du texte :

Luna sortit de son appartement et claqua la porte. Elle dégringola les escaliers sans accorder d’attention au monde extérieur. Elle devait rejoindre son ami dans un café d’Elbeuf. Il lui fallait se dépêcher car elle savait qu’il ne l’attendrait pas. Deux ans plus tôt, elle avait changé de quartier, mais elle avait gardé contact avec ses amis du Puchot où ses parents vivaient toujours. Malgré le froid et le vent, Luna s’était habillée légèrement. Elle portait une petite jupe en velours noir très courte et un chemisier blanc bien décolleté. C’était une jeune femme élancée aux cheveux noirs. Elle avait dix-huit ans et en paraissait une bonne vingtaine. Son maquillage était outrancier. Mehdi, assis à une table, l’attendait avec impatience. Luna lisait le mécontentement dans son regard. Elle s’approcha de lui avec assurance. Mehdi semblait avoir une quinzaine d’années. Il commanda une bière pour la jeune fille qui ne refusa pas.

-         Est-ce que t’as vu Sébastien ? Il devait me ramener une barrette de shit.

-         Je n’ai plus rien à foutre avec lui. Tu te débrouilles.

-         Faudrait p’tèt’ pas qu’il oublie qu’il me doit une sacrée tune.

-         Pourquoi tu m’as demandé de venir ? Ça avait l’air d’urger.

-         Mais ça urge ! Y’a eu une descente de flics au Puchot et j’voudrais pas me faire prendre. Chez moi, y’a de quoi me mettre en taule pour un bout de temps.

-         C’est pour ça que tu m’as demandé de venir ?

-         Ben oui, pourquoi voulais-tu que ce soit ?

-         Pour me voir, idiot !

-         Je peux peut-être planquer ma came chez toi ?

Il l’attrapa brutalement par le cou et l’embrassa sauvagement.

-         Hors de question, tu sais bien que je ne trempe pas dans ces affaires-là ! Tu es mon ami, mais je ne me f’rais pas arrêter pour toi.

-         Et comment j’vais faire, alors ?

-         A toi de voir.

-         T’es lourde !

-         Vas’y, tu m’énerves, j’me casse !

Luna se leva, attrapa son sac à main et s’apprêta à partir lorsque Mehdi la retint par le bras.

-         Tu viens avec moi chez Chris et Mamadou ? lui demanda-t-il tout en sachant bien qu’il était inutile de discuter avec elle.

-         Y’a qui d’autre ?

-         Bah, toute la bande !

-         OK, mais tu rentres avec moi après la soirée, précisa Luna avec un sourire coquin.

Mehdi accepta car il était certa in de passer la nuit avec elle. Luna s’en alla tout de même car elle avait un planning serré et devait tout faire rapidement pour être prête le soir. Elle poursuivit sa route tout en pestant contre Mehdi et son frère Sébastien.

La jeune femme connaissait Mehdi depuis plusieurs années maintenant, en fait depuis ses douze ans, l’année de la sixième. Ils avaient été de bons amis mais parfois elle flirtait avec lui. Luna l’aimait depuis le début mais Mehdi n’osait pas lui avouer qu’il ne voyait en elle qu’une amie. C’était pourtant lui qui lui avait fait ressentir les émotions du grand amour.

Lors de la dernière année du collège, Luna fit la première fois l’amour et c’était avec Mehdi. Elle l’aimait profondément, mais pour lui ce n’était pas le cas. Pour Mehdi, c’était juste une bonne copine avec qui il était facile de sortir, qu’il était facile d’embrasser et avec laquelle il était facile de coucher. Les autres femmes intimidaient le garçon. Alors que Luna, c’était comme une sœur. Il ne voulait pas avoir l’air d’un trouillard, d’un nase, aux yeux des copains.

Luna connut, par la faute de Mehdi, ses premières expériences de drogue et d’alcool. Elle lui en voulut pour ça et à son frère aussi. La jeune femme s’en était sortie, Sébastien non. Ses parents, qui étaient déjà meurtris par la déchéance de Sébastien, ne supportèrent pas que Luna tombât dans la dépendance à son tour. Par une grande volonté, Luna réussit à arrêter et à retrouver une vie saine. Elle était tombée tout de même dans cet enfer durant plus d’un an. Toute la famille avait coupé les liens avec Sébastien qui s’enfonçait de plus en plus dans la drogue dure. Le jeune frère avait déjà connu la prison, les centres de désintox. Il ne voulait pas être aidé.

Luna était fâchée après Mehdi qui ne faisait rien pour que son frère s’en sorte. Au contraire, il l’enfonçait de plus en plus. Luna sentait que ses sentiments pour Mehdi changeaient. Elle se sentait moins dépendante de lui, elle ne l’aimait plus aussi fort qu’avant. Ce qu’elle éprouvait pour lui était maintenant de l’amitié. Elle avait envie d’une autre vie. Désormais, elle savait qu’elle méritait d’avoir une meilleure vie, plus belle, plus sereine. Elle voulait s’en donner les moyens.

Arrivée chez elle dans la soirée, Luna se prépara. Elle voulait se faire belle pour elle-même. Elle savait qu’elle était mignonne mais ne s’aimait pourtant pas, elle se sous-estimait. Elle était certaine que seuls des mecs pas très nets pouvaient vouloir d’elle. Luna ne fréquentait qu’eux et elle n’ignorait pas qu’elle-même avait été paumée aussi pendant plus d’un an. Elle ne croyait plus au Prince Charmant. Vers vingt-et-une heure, elle alla chez Chris et Mamadou. Elle y retrouva Mehdi et resta physiquement présente auprès des autres durant toute la soirée, mais son esprit était bien loin. Tous buvaient plus que de raison et la drogue passait de main en main. Luna ressentit une grande solitude.

Même si ses sentiments pour Mehdi n’étaient plus les mêmes, Luna avait besoin de réconfort, d’amour et de tendresse dans les bras d’un homme. Au retour, elle retint le garçon chez elle et les jeunes gens passèrent toute la nuit ensemble. Le lendemain matin, elle se sentit honteuse et se promit de se défaire de l’emprise de l’adolescent.

Après le départ de Mehdi, Luna se rendit chez Pôle Emploi où elle avait pris rendez-vous quelques jours plus tôt et c’était bien la première fois de sa vie qu’elle y mettait les pieds ! Elle était enthousiaste et pleine de vie. Elle espérait trouver un emploi de coiffeuse. La conseillère de l’agence, par son attitude froide et distante, découragea l’adolescente. La femme lui posa trop de questions ce qui la déstabilisa d’autant qu’elle n’avait pas d’emblée une grande confiance en elle. Elle prit alors conscience de son inexpérience et réalisa qu’elle n’avait aucun bagage. Elle ressortit démotivée et remplie de doutes. Sur la suggestion de la conseillère, elle prit malgré tout le chemin de la Mission Locale où elle s’inscrivit. Elle en était à peine sortie qu’elle reçut un SMS de sa maman qui lui proposait de passer la voir. Elle n’avait pas le moral pour rejoindre ses parents car elle savait qu’elle devrait encore leur mentir et aujourd’hui, elle ne s’en sentait vraiment pas la force. Sa mère insista et la jeune fille capitula.

Sa mère, une femme très douce et aimante, était heureuse à chaque fois qu’elle voyait sa fille. Pour elle, Luna était toujours son bébé. Elle était femme au foyer et son mari roulant la plupart du temps, elle ne vivait que pour ses enfants. Son aîné, Sébastien, l’avait déçue au plus haut point et elle n’arrivait pas à le lui pardonner. Elle avait eu si peur pour lui de nombreuses années durant. Luna était son rayon de soleil et les jumeaux, ses petits bouts de choux. Elle passait sa vie entre sa maison et ses enfants. Et elle en était satisfaite.

-         Alors, Luna ? Comment vont tes études ?

-         Bien, Maman ! Ils rentrent bientôt, les jumeaux ? demanda rapidement Luna pour couper court aux questions de sa mère par rapport aux études.

-         Oui, ils ne tarderont plus. Tu manges avec nous, ce soir ?

-         Non, je ne peux pas. Je veux me coucher de bonne heure.

La maman ne répondit rien, mais elle sentait que sa fille lui mentait. Luna ne s’était jamais couchée tôt et elle ne croyait pas à une exception. La mère de famille ne releva pas bien qu’elle fût à la fois vexée et déçue. Elle savait bien que sa fille n’était pas parfaite, cependant malgré elle, elle continuait à espérer que Luna et elle deviendraient un jour plus proches, plus complices.

Après avoir fait une bise aux jumeaux, Luna quitta le domicile familial. Elle était triste d’avoir dû mentir à sa mère. Elle aurait tellement aimé lui avouer qu’elle ne suivait pas d’études, qu’elle ne travaillait pas et qu’elle ne vivait que des fruits de ses vols et du soutien financier d’un petit ami dealer. Mais Luna savait que sa mère ne comprendrait pas et que toutes ces mauvaises nouvelles pourraient la tuer. La jeune femme n’ignorait pas non plus que sa mère était plus touchée qu’elle ne le montrait par son manque de relations avec Sébastien.

Mehdi la rejoignit chez elle dans la soirée. Luna demeura silencieuse, distante et morose. Le jeune garçon ne s’en inquiéta pas. Pour lui, l’important était de prendre du bon temps avec elle. Luna passa la nuit dans les bras de Mehdi sans ressentir le moindre plaisir. Elle n’était pas heureuse. Elle en avait assez de cette vie-là, mais en même temps, elle était certaine de ne pas arriver à s’en sortir seule. Luna avait le sentiment de ne rien réussir dans la vie. Elle avait l’impression d’être vouée à l’échec. La conseillère du Pôle Emploi le lui avait bien fait comprendre d’ailleurs. Luna resta les yeux grands ouverts toute la nuit. La fenêtre était à l’espagnolette. Elle regarda à l’extérieur et chercha dans les étoiles quelques lumières d’espoir.

Le lendemain matin, Mehdi se leva à dix heures et réveilla durement sa compagne. La jeune femme fit semblant de dormir pour ne pas avoir à lui parler.

-         Eh, Luna, lève-toi, on a rendez-vous ! lança-t-il tout en la secouant.

-         Comment ça, rendez-vous ? bâilla Luna tout en bougonnant.

-         Je dois rencontrer un Russe.

-         Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? C’est ton rendez-vous, pas le mien !

-         Je veux lui demander de me laisser quelques jours encore pour le rembourser, raconta Mehdi qui craignait la réaction de son amie.

-         Tu lui as emprunté de la tune ? demanda Luna qui commençait à comprendre.

-         Oui, et en voyant ton joli minois, il ne pourra qu’accepter de me laisser quelques jours de plus.

-         Tu te fous de moi, là ? Tu ne me demandes quand même pas de faire la pute pour toi ?

-         CA VA PAS !!! Bien sûr que non ! Je veux juste que tu sois là, mentit Mehdi qui avait une idée en tête et préférait se taire pour le moment.

-         Et tu lui as emprunté de l’argent pour ta came, je suppose ?

-         Oui et il n’est pas très commode.

-         OK, je viens avec toi, mais si je sens la moindre embrouille, je me casse, s’énerva Luna qui, soudain inquiète, accepta de l’accompagner pour s’assurer qu’il ne risquait rien.

Deux heures plus tard, Mehdi et elle se dirigeaient vers le bar qui était devenu leur lieu de rencontre depuis le collège. Le Russe était déjà installé à une table avec un type plus imposant que lui physiquement. Le moins baraqué était vêtu d’un long manteau marron et, avec ses grandes moustaches, il avait quelque chose de slave. Cet homme manifestement riche ne pouvait être que de passage à Elbeuf. Son compagnon se leva à l’arrivée des jeunes gens que son physique intimida d’emblée.

-         Mehdi ! Te voilà, enfin. Je commençais à m’impatienter ! lança le Russe, sévère, avec un léger accent.

-         J’ai été au plus vite, monsieur.

-         Qui est cette magnifique jeune femme ? demanda le Russe avec un regard pervers.

-         CETTE jeune femme est juste devant vous et elle sait très bien parler par elle-même ! s’énerva Luna qui ne supportait pas que l’on parle d’elle sans s’adresser à elle alors qu’elle était présente.

-         C’est ta petite amie ? Elle mord ? rit méchamment le Russe.

Mehdi attrapa la main de Luna pour tenter de la calmer. Luna n’avait pas froid aux yeux, mais lui, il connaissait le Russe et surtout sa réputation. Mehdi ne voulait surtout pas s’amuser à le contrarier d’autant qu’il savait que le reste de la conversation ne serait pas en sa faveur.

-         Je vous présente, Luna. C’est ma petite amie.

-         T’as mon argent ? demanda le Russe qui avait l’air, dorénavant, de se moquer totalement de la présence de la jeune femme.

-         Bah, justement, je voulais vous parler de ça, monsieur ! répondit timidement et maladroitement Mehdi.

-         Rien à foutre de ce que tu as à me dire ! Tu as mon argent ou tu ne l’as pas ? s’énerva le Russe qui avait déjà compris qu’il n’aurait pas ce qu’il attendait.

-         Non, je ne l’ai pas, mais on peut peut-être trouver un arrangement ? demanda Mehdi, sur le qui-vive.

-         Quel arrangement ? demanda le Russe en faisant signe à son compagnon.

L’autre bondit sur ses pieds, attrapa Mehdi par le bras et l’obligea à se lever.

-         Luna a une collection d’époque napoléonienne qui, je suis sûr, pourrait vous intéresser.

-         Hein ??? C’est donc ça que tu avais en tête ! lança Luna à voix basse, à la seule intention de Mehdi.

La colère grondait en elle.

-         Si tu me joues un sale tour, tu vas le regretter ! s’énerva le Russe à qui l’aparté n’avait pas échappé.

-         Vous faites bien collection de tous objets ayant appartenu à Napoléon ? demanda Mehdi.

-         Et vous accepteriez de me la donner ? demanda le Russe en dévisageant Luna, étonné que la jeune fille puisse se séparer d’un pareil trésor pour liquider la dette de son petit ami.

-         Il faudrait déjà qu’on l’ait en notre possession ! réagit Luna qui n’appréciait pas la tournure que prenaient les événements.

-         T’essaie de me rouler, toi ? se fâcha le Russe, s’adressant à Mehdi.

Il fit signe à son homme de main d’emmener le garçon dehors.

-         Attendez ! Vous n’avez pas compris ! paniqua Mehdi en jetant un regard noir à sa jeune compagne.

-         Qu’est-ce qu’il y a à comprendre ? Tu n’as pas l’argent pour me payer, alors tu as trouvé un mensonge abracadabrant.

-         Mais non ! Je ne vous raconte pas de mensonge ! Dis-leur, Luna ! Explique-leur ce que tu sais des livres que Napoléon a offert à la Ville d’Elbeuf après son retour d’Egypte !

Mehdi essayait de sauver sa peau comme il le pouvait.

-         Que veux-tu que je dise ? se braqua la jeune fille.

Elle voulait bien aider son ami comme elle l’avait toujours fait, mais pas en faisant des choses illégales. Elle se le refusait formellement. Luna en voulait à son ami de la mettre dans une sale situation.

-         Merci, Luna ! lança Mehdi en lançant un regard noir à la jeune femme. Puis, s’adressant à l’homme : Luna sait où se trouvent les livres et elle peut les voler facilement. Dès la fin de la semaine prochaine, je peux vous les donner contre l’effacement de ma dette.

-         Qu’est-ce qui me certifie l’authenticité des livres ? demanda le Russe.

-         Vous n’en douterez pas en les voyant.

-         Et vous pourriez vous les procurer pour la semaine prochaine, Mademoiselle ?

-         Bien sûr qu’elle le peut ! Pour elle, les livres sont facilement accessibles.

-         Très bien. Je reviens la semaine prochaine et tu as intérêt à  les avoir!

Le Russe se leva et partit avec son acolyte. Il était heureux de ce que venait de lui apprendre le jeune homme. Il savait que, de toute façon, mensonge ou non, il aurait son argent. Il voyait très bien à quels livres le jeune faisait allusion. Il en avait beaucoup entendu parler dans les livres d’Histoire et dans les encyclopédies retraçant les batailles napoléoniennes. Depuis son arrivée en France, le Russe faisait collection de tout ce qui concernait Napoléon, son Empire, sa famille, ses batailles. Il vouait une grande admiration à l’Empereur et sa magnificence. L’homme côtoyait tous les collectionneurs du monde entier et connaissait tous les salons où l’on pouvait se procurer ce qu’il cherchait. Il était plus renommé pour sa passion que pour son travail.

-         Je peux savoir ce qu’il t’a pris ? T’es pas cinglé, non ? s’énerva Luna au bord de la crise de nerfs.

-         Eh, calme-toi ! Tu aurais préféré qu’il me tabasse et qu’il me laisse à moitié mort sur le trottoir, là devant ?

-         Tu veux la vérité ? Oui !

Mehdi n’en croyait pas un mot. Il savait que Luna avait un bon fond et il en abusait une fois de plus. Il savait très bien qu’elle l’aiderait car c’était dans sa nature d’aider son prochain. D’ailleurs, Mehdi était certain que si Sébastien se pointait devant elle, Luna oublierait sa promesse de le laisser dans les ennuis et l’aiderait du mieux qu’elle le pourrait. Mehdi l’attrapa violemment dans ses bras et l’embrassa fougueusement. Il était certain que cela la calmerait.

-         Tu veux bien me dire comment je vais m’y prendre pour pénétrer dans la médiathèque, prendre ces livres qui pèsent une tonne et repartir avec dans les rues d’Elbeuf ? C’est sûr, je vais vraiment passer inaperçue ! Je  sais bien que t’es pas au courant, mais les livres sont très grands et ne passeront jamais dans mon sac à main !

-         Il faut y aller la nuit. On va bien trouver un plan.

-         Bien sûr ! Je me doute bien que tu vas trouver un plan, mais je te préviens : tu cherches tout seul ! Je ne veux rien avoir à faire avec tes magouilles. Et ton vol, tu le fais tout seul !

-         Mais, je ne sais même pas à quoi ils ressemblent, tes livres. Je ne sais pas davantage où ils se trouvent et je n’ai pas remis les pieds dans cette médiathèque depuis l’école primaire !

-         Eh bien, tu te renseignes !

-         Tu vas quand même pas me faire ça ?

-         Tu le mériterais, pourtant !

-         Tu vas pas me lâcher, dis !

 

Suite envisagée :

Agacée par tout ça, Luna ne répond pas et s’en va de son côté. Elle a besoin de se calmer. Mehdi, énervé aussi, s’en va dans une autre direction. Luna a à peine fait quelques pas qu’elle est arrêtée par deux policiers qui lui demandent ses papiers. Elle peste intérieurement après sa malchance. Elle n’est pas inquiétée. Elle rentre chez elle en se disant que l’un des flics n’était pas vilain.

 

Maxence, le flic en question, ne la trouve pas mal non plus. Il éprouve une sorte de coup de foudre. Description de Maxence (physiquement, sa situation dans la vie, son rapport à son métier…) Le soir, il rentre chez lui et pense à elle tout en s’occupant de ses enfants dont il a une garde alternée. Quelques jours par semaine, lui. Le reste de la semaine, la mère.

 

Luna et Mehdi se retrouvent chez elle et font la paix. Elle accepte de l’aider en jurant que c’est la dernière fois. Maintenant, comment vont-ils procéder ? C’est là qu’on explique comment Luna a eu connaissance de l’existence de ces livres. Elle les a découverts grâce à une sortie scolaire organisée par la médiathèque et (ou) le musée d’Elbeuf. Elle a eu l’occasion de les voir en détails et de les manipuler. Elle sait donc exactement à quoi ils ressemblent et où ils sont rangés à la bibliothèque (le meuble, la salle). Description médiathèque.

 

Le vol :

Les livres sont volumineux et lourds. Il faudrait les emporter un à un.

Mehdi et Luna vont s’en occuper seuls car Luna a besoin d’aide ne serait-ce que pour le transport des ouvrages.

Le vol va avoir lieu pendant un we, dans la nuit du dimanche au lundi.

Il va falloir désamorcer l’alarme. (code ?) Luna se souvient que l’une de ses amies, cousines etc. est femme de ménage à la médiathèque. Lui revient en mémoire le code d’entrée que cette femme avait donné à la cantonade lors d’un repas de famille (elle avait un coup dans le nez ?) Le code est facile à retenir. C’est déjà quelque chose qui va les aider.

Ils ont besoin d’une clé ou de plusieurs pour entrer. Ce sont des clés sécurit. Ce sera plus difficile d’entrer avec un passe. Mais Mehdi a sûrement une combine pour y arriver.

L’armoire où sont enfermés les livres est aussi fermée à clé. Mehdi saura forcer la serrure.

Ils vont avoir un peu de mal, des surprises désagréables.

Ils embarquent les bouquins.

Mehdi emprunte une camionnette à un copain. Il met tout dedans et il les emporte. Il laisse la camionnette devant l’immeuble où habite Luna.

Deux ou trois jours après, vol de la camionnette. Panique à bord ! plus de camionnette à rendre au copain et plus de bouquins.

 

Suite du texte :

 

Sans dire un mot de plus, Luna prit violemment son sac à main, puis sortit du bar sous le regard médusé de son petit ami. Elle marcha de longues minutes dans les rues, entra et sortit aussitôt des magasins et se dirigea vers la voie sur berge. Pourtant, rien ne la calmait. Elle ne comprenait vraiment pas Mehdi. Comment pouvait-il la mettre dans une telle situation ? Il n’ignorait pas qu’elle risquait de se faire arrêter et de finir en prison. Elle lui en voulait pour ça. Mehdi, de son côté, partit chez son frère qui le soutenait dans toutes ses bêtises. Il avait besoin de conseils et son frère était doué pour lui en donner, surtout quand ils pouvaient lui attirer des ennuis. Mais Mehdi aimait son frère comme il était. Et de toute façon, les deux se valaient quand il s’agissait de tomber dans les embrouilles.

En ressortant de l’appartement de Kamel, le jeune voyou aperçut Luna au coin d’une rue. Il décida d’aller lui parler pour tenter de l’amadouer et la mettre de son côté. Lorsque Luna vit le jeune homme, sa colère augmenta et elle changea de direction. Ne pouvant assouvir son envie de le frapper, elle se vengea sur une canette qui se trouvait sur le trottoir. Malheureusement, la canette tomba sur une voiture et y laissa une rayure. Deux policiers, non loin d’elle, marchèrent aussitôt dans sa direction. En les voyant, la jeune femme pesta contre elle-même, mais surtout contre son infortune du jour. Son petit ami l’avait trahi et maintenant, elle allait se faire interpeler.

-         Vous vous rendez compte de ce que vous venez de faire ? demanda l’un des policiers.

-         Oui, je suis désolée. Mais j’étais en colère et la malchance a voulu que la canette tombe sur la voiture.

-         Il va falloir que je vous verbalise. Montrez-moi vos papiers d’identité.

Consciente de sa bêtise, Luna lui donna ses papiers tout en souriant à l’autre policier qui ne la laissait pas insensible. Le jeune homme avait un charme certain qui la faisait succomber. Le collègue regarda longuement les papiers, la scruta avec insistance puis lui redonna les documents. Pendant ce temps-là, le beau garçon lui sourit à son tour. Lui non plus ne la trouvait pas vilaine.

-         Allez-y ! Ca va aller comme ça pour cette fois, mais que je ne vous y reprenne pas ! dit-il à son tour.

-         Merci, Monsieur, lança Luna, aussi soulagée qu’étonnée.

-         Une si jolie jeune fille ne devrait pas avoir à s’énerver ainsi à cause d’un petit ami, souligna-t-il.

-         Qu’est-ce que vous en savez que c’est un petit ami qui m’a mise en colère ? répondit Luna du tac au tac, ne supportant pas que quelqu’un  se mêle de ses affaires.

-         Je ne vois pas ce qui peut vous énerver à ce point, à part un garçon.

-         Oui, c’est vrai, avoua Luna en riant, laissant ainsi tomber sa carapace.

-         Vous voulez bien me promettre une chose ?

-         Laquelle ?

-         D’essuyer vos larmes et de ne plus jamais laisser un homme vous faire pleurer.

-         Promis, répondit-elle timidement.

Luna se surprit à se laisser séduire par cet homme qui était plus âgé qu’elle. Elle rentra chez elle tout en pensant au beau policier. Elle se sentait heureuse d’avoir été draguée par un homme aussi mûr et distingué. Elle n’aurait jamais cru cela possible.

 

Maxence rejoignit son collègue qui commençait à s’éloigner et tous deux continuèrent leur ronde. Ils travaillaient ensemble depuis deux ans maintenant. Bien que Maxence fût un homme solitaire, il avait tout de suite sympathisé avec son coéquipier. Le garçon, un peu plus jeune que lui, n’en était pas moins mâture. On sentait qu’il avait derrière lui un passé assez lourd. Maxence n’avait jamais eu l’occasion d’en discuter avec lui, mais il était curieux de savoir ce qu’il en était.

Après deux heures de service, Maxence et Théodore reprirent le chemin du commissariat tout en bavardant.

-         Dis-donc, t’as drôlement été tolérant avec la gamine qui a jeté la canette ! Elle t’a tapé dans l’œil ?

-         T’as vu l’âge qu’elle a ?

-         Moi, ça m’empêcherait pas de la draguer ! En plus, je crois bien que tu lui as fait de l’effet…

-         Sérieux ? C’est vrai qu’elle n’était pas si mal.

-         A ta place, j’essaierais de reprendre contact avec elle.

-         Ne dis pas de bêtise, je viens tout juste de sortir d’un divorce ; j’ai pas envie de me refaire suer avec une nana.

-         Qui te parle de vivre avec elle ? Ca pourrait juste être une histoire de cul !

-         Même pour ça, je ne suis pas prêt en ce moment.

-         Parce que tu crois que ton ex-femme, elle se gêne ? Tu m’as bien dit qu’elle avait un nouveau Jules !

-         C’est son problème.

Ils arrivaient au commissariat. Ils y entrèrent et allèrent se changer avant de rentrer chez eux.

Dans sa voiture, Maxence ne pouvait s’empêcher de penser à la jeune femme. Elle paraissait si fragile et si forte à la fois. Il avait envie de la connaître davantage et de passer du temps avec elle. Quand il ouvrit la porte de son appartement, ses filles y étaient déjà depuis un peu plus d’une heure. L’aînée, qui avait huit ans, s’était occupée de sa sœur de cinq ans. Maxence était heureux que ce soir, il ait la garde de ses filles. Il avait besoin d’être entouré. Son divorce l’avait affaibli plus qu’il ne le pensait. Sa colère apaisée, il était dorénavant triste et se sentait bien seul. Son travail occupait tout son temps et il ne pouvait pas rencontrer d’autres femmes et sortir avec elles. D’ailleurs, il ne s’en sentait vraiment pas capable pour le moment. Il n’avait pas encore fait le deuil de son amour de jeunesse. Il avait rencontré Marie au collège et ils ne s’étaient plus quittés depuis. Marie, qui manquait d’assurance, avait besoin d’amour et de la présence de son mari. Maxence aimant beaucoup son travail, il ne s’était pas rendu compte qu’il délaissait sa femme. Les années passant, chez elle l’amour s’était éteint. 

Emilie et Léa, assises sur le canapé, regardaient la télévision. Elles attendaient patiemment leur père pour pouvoir manger. Emilie, l’aînée, lui sauta au cou. Elle ne l’avait pas vu depuis quatre jours. Elle avait toujours été plus proche de lui que sa sœur. Maxence se mit aussitôt à la cuisine après s’être assuré qu’elles avaient bien appris leurs leçons. Il décida de faire un repas simple qu’elles aimaient toutes les deux. Ce serait un plateau-télé, rituel qu’il avait instauré pour chaque retrouvaille. Maxence avait encore du mal à se faire à sa nouvelle vie de célibataire. Il ne savait pas trop où était sa place dorénavant dans l’éducation de ses filles. Effectivement, il ne voulait pas être trop autoritaire avec elles de peur de perdre leur amour et, en même temps, il se devait de jouer son rôle de père.

A 20h30, Maxence coucha les enfants après leur avoir lu une histoire. Léa, avec sa petite peluche, s’endormit aussitôt le conte terminé. Emilie demanda à son père de rester avec elle. Elle l’attrapa par la main et à son tour, sombra assez vite dans le sommeil. Le père de famille retourna dans la salle de séjour et s’installa devant la télé. Il sentit la fatigue tomber, le visage de Luna lui apparut. Elle souriait et riait même. Il tentait de la retenir pour lui parler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il se réveilla en sursaut. Il était plus de minuit. Comme un zombi, il se leva, ferma la télé et alla se coucher. Il espérait revoir cette femme pendant l’une de ses rondes du lendemain. Il souhaitait approfondir la relation avec elle et connaître le plus de choses possibles sur elle. Elle lui paraissait être quelqu’un de déterminé, gentil et intelligent. Maxence s’endormit avec difficulté tant il était impatient de la revoir.

A plus de minuit, lorsque Luna retourna à son appartement, elle tomba nez à nez avec Mehdi qui se trouvait déjà devant la porte d’entrée. Luna était plus calme, mais le regarda quand même avec un œil sévère et mécontent. Elle savait que cela ne changerait pas grand-chose, mais elle voulait montrer sa contrariété.

-         Entre, dit-elle de façon inintelligible.

-         J’ai besoin de toi, ma puce. Il faut que tu m’aides pour le vol. Il faudrait juste que tu m’accompagnes à la médiathèque. Après, je m’occupe du reste.

-         OK, je t’aide, mais c’est la dernière fois que tu m’embarques dans tes embrouilles. J’en ai marre de tes affaires louches… je t’apporte mon aide, et ensuite, je te quitte. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.

-         Qu’est-ce qui te prend ? Ce n’est pas la première fois que tu participes à des vols…

-         Eh bien, ce sera la dernière !

-         Je ne comprends pas !

-         C’est pourtant clair. Je ne veux plus que tu me prennes en otage en m’associant à tes magouilles pour que tu puisses rembourser un dealer. Je veux vivre honnêtement, avoir un travail, une famille.

-         Je croyais que tu ne voulais pas de tout ça, que ce n’était pas pour toi ?

-         Oui, c’est vrai. Parce que je me suis toujours sentie nulle, incapable. A cause de toi, de Sébastien, de Mamadou et de tous les autres, je n’ai jamais eu l’impression d’être respectée. Maintenant, j’ai envie d’autre chose.

-         Et tout ça, parce que je te fais voler un livre à la médiathèque ?

-         C’est bien plus que ça !

-         C’est quoi ?

-         Peu importe, c’est un ras-le-bol que j’ai depuis quelque temps. Ton vol a fait déborder le vase.

-         Au point de me quitter ? demanda-t-il plus par orgueil que par tristesse.

-         On ne s’est jamais vraiment aimés et tu le sais très bien !

-         Moi, si.

-         Arrête, Mehdi ! On sait très bien tous les deux que tu ne m’as jamais aimée. On est plus de bons amis qu’autre chose.

-         Et pourquoi, tu me dis tout ça maintenant ?

-         Je te l’ai dit car je veux que ma vie change. Faire l’amour avec un ami parce que c’est la facilité, non, je ne veux plus !

-         Et tu vas m’aider à voler les livres de la médiathèque ? s’inquiéta Mehdi qui savait très bien qu’il avait un couteau sous la gorge.

-         Je te l’ai dit, oui. Mais après, je ne veux plus te voir. Tu me mets dans la merde, c’est la dernière fois !

-         Tu ne veux même plus être mon amie ?

-         Non. Si amitié veut dire me mettre dans ton lit et me faire voler des objets historiques !

-         Tu ne t’en es jamais plainte, que je sache !

-         Parce que je viens d’ouvrir les yeux !

-         Très bien, comme tu veux. Mais tu reviendras vers moi, j’en suis certain !

Mehdi, contrarié dans son amour propre, quitta l’appartement. Il décida d’aller chez son frère. Bien sûr que Luna avait raison quand elle disait qu’il ne l’avait jamais aimée ! Il refusait toutefois de se faire larguer. C’était impossible pour lui d’admettre qu’elle le quittât et que tout le quartier fût au courant. Il savait que, dès lors, il ne pourrait plus se faire respecter. Il était décidé à la reconquérir coûte que coûte.

Le lendemain matin, Mehdi retrouva Luna chez elle. Ils devaient malgré tout organiser le vol. Luna resta froide et distante. Mehdi comprit qu’elle était dans le même état d’esprit que la veille au soir. Il sentit l’inquiétude monter en lui. Il fallait que le projet fonctionne. L’attitude de Luna le stressait car il avait peur qu’elle fasse tout rater. Mehdi n’ignorait pas que sa vie était en danger et qu’elle dépendait de la réussite ou non du vol. Luna fit un plan détaillé de la médiathèque en expliquant où se trouvaient les livres. La jeune femme connaissait l’existence de ce lieu et de ces objets grâce à une visite scolaire de l’établissement culturel. Effectivement, au lycée, Luna avait visité avec sa classe la médiathèque. La bibliothécaire, fière de son trésor, avait montré à la classe le lieu secret que très peu d’Elbeuviens connaissaient.

-         C’est bien de connaître l’endroit où se trouvent les livres, mais sais-tu s’ils sont enfermés par un verrou ou une alarme, ou…

-         Il y a une alarme à la porte d’entrée de la médiathèque, la pièce où se trouvent les livres est fermée à clé et un code est à faire pour ouvrir l’armoire.

-         Faut trouver une idée pour ces trois pièges. A part ça, ce sera facile.

-         Et tu comptes les transporter comment ?

-         A nous deux, ça peut le faire !

-         Oui, mais ça nous prendra du temps.

-         On est mardi. On fera ça dans la nuit de ce samedi. Ca me laisse le temps de voir avec Mohamed pour récupérer sa camionnette. Et toi, tu ne m’as pas dit que tu avais une cousine qui y travaillait, à la médiathèque ? Elle pourrait nous aider ?

-         Ca va pas ! Je ne vais pas la mêler à tout ça ! Il faut juste que je trouve le moyen de connaître le code de l’entrée et de l’armoire.

-         Tu penses qu’elle va te le donner comme ça ?

-         Bien sûr que non ! Mais je sais comment la faire parler !

-         Eh, ça va pas ! Ta cousine dira tout de suite aux flics que tu lui as demandé le code !

-         Non, ne t’inquiète pas. Je vais la faire parler et elle ne s’en souviendra même pas.

Luna et Mehdi restèrent longuement à parler de leur stratagème.

 

Un peu plus tard, en fin d’après-midi, Maxence était au bureau de police. Il faisait son rapport de la journée. Il était déçu de n’avoir pas croisé la belle jeune femme de la veille. Il espérait tellement la revoir.

Se sentant gêné, hésitant, Maxence décida d’inscrire son nom sur les fichiers de la police pour voir où elle résidait. Il était heureux de retrouver sa trace, mais déçu de constater qu’elle avait un casier. Elle avait été arrêtée pour vol et soupçonnée de trafic de drogue. Il nota ses coordonnées et quitta vite le bureau. Toute la soirée, il pensa à elle et se demanda s’il devait continuer à tourner autour d’elle. Cette jeune fille ne devait pas être pour lui et il en était conscient. Pourtant, elle l’attirait de plus en plus.

Il ne dormit pas de la nuit. Il décida de prendre le téléphone et l’appela. A la fois surpris de son audace et inquiet, il composa maladroitement le numéro. Il ne réalisait même pas qu’il était plus de deux heures du matin. Luna décrocha dès la première sonnerie. Elle non plus n’arrivait pas à dormir. Elle ne cessait de voir défiler dans sa tête les images du vol à venir. Ce n’était pourtant pas le premier forfait auquel elle participait. Elle n’aurait pas su expliquer pourquoi elle avait tant envie d’une vie meilleure. Quelques jours plus tôt encore, elle était satisfaite de sa vie telle qu’elle était. Etait-ce sa rencontre avec le beau policier qui avait accentué son désir de changement ? Ou son entretien avec la conseillère du Pôle Emploi ?

-         Oui ? répondit-elle d’une voix ensommeillée.

-         Luna ? Vous souvenez-vous de moi ? Je suis l’un des policiers qui vous a interpelée sur Elbeuf lorsque vous vous êtes vengée sur une pauvre canette.

Luna se redressa dans son lit comme s’il pouvait la voir. Machinalement, elle remit ses cheveux en ordre. Elle sourit malgré elle. En dépit de l’heure tardive, elle était heureuse de l’avoir au téléphone. Elle remarqua que sa voix était aussi sensuelle que son visage.

-         Oui, je me souviens de vous. Comment avez-vous eu mes coordonnées ?

-         Je les ai cherchées. J’avais une irrésistible envie de vous revoir. J’aimerais mieux vous connaître.

-         Moi aussi. Voulez-vous que l’on se retrouve au bar « Au chat qui tousse » demain ?

-         Je finis mon service à 16h. Qu’en dites-vous ?

-         Avec plaisir.

Maxence raccrocha. Il se demanda ce qu’il venait de faire. Il regrettait déjà sa décision. Pourtant, il était heureux. Le jeune homme ne voulait pas se prendre la tête. Il avait juste envie de profiter de l’instant présent. Jamais, il n’aurait osé faire ça avant. Il avait toujours eu le sens des convenances et se mettait un point d’honneur à les respecter.

 

Suite envisagée :

Histoire d’amour : Maxence et Luna vont se voir de plus en plus. Mehdi l’apprend et il est fou de rage. Il sait aussi que Luna et Mehdi sont ou ont été ensemble et complices de diverses malversations. Maxence enquête et sait que Mehdi est en affaire avec un Russe, trafiquant de drogue.

Le vol : voir plus haut. Il a lieu sans encombre. Maxence n’est pas au courant de l’affaire.

L’après vol : Luna se sent fautive. Elle ferme définitivement la porte à Mehdi. Elle continue à voir Maxence dans les jours qui suivent. Maxence fait partie de l’enquête sur le vol. Il est présent lors de la rencontre de Mehdi et le Russe.  Maxence, avec d’autres policiers, surveillent Mehdi qu’ils soupçonnent de trafic de drogue. Maxence sachant que c’est un ami de Luna, a essayé de le protéger jusqu’à maintenant mais là c’est impossible.

 

Le lendemain, à 16h, Luna attendait le jeune homme au « Chat qui tousse ». Elle avait mis ses plus beaux habits et se sentait aussi stressée qu’une collégienne. Cela la fit sourire. Elle réalisait qu’elle n’avait jamais connu d’autre homme que Mehdi. Elle ignorait pourquoi, et pourtant elle sentait que déjà, elle l’aimait profondément. Elle avait vu chez ce jeune homme une réelle gentillesse.

Vêtu d’un blouson en cuir et d’un jean noir, elle le trouva encore plus sexy lorsqu’il entra dans le bar. Maxence s’approcha d’elle et lui fit la bise. Luna en fut surprise, mais satisfaite.

-         J’avais peur que vous ne veniez pas ! dit-il en souriant.

-         Pourquoi ? Je vous avais dit que je viendrais.

-         Je craignais d’avoir été trop entreprenant.

-         Ça ne m’a pas choquée. J’ai été heureuse de votre appel.

-         Votre petit ami ne doit pas être content !

-         C’est fini avec lui, je suis célibataire. De toute façon, je ne sais pas si on peut dire que l’on était vraiment ensemble.

-         Je vous trouve bien triste, en tout cas !

-         Non, plus maintenant.

-         Je vais prendre un café, que voulez-vous ?

-         La même chose.

Luna était heureuse d’avoir rencontré cet homme. Elle avait bien besoin d’une nouvelle histoire d’amour pour réussir à quitter Mehdi et l’emprise qu’il avait sur elle. Luna voulait une vie meilleure et surtout se sentir aimée. Elle savait depuis longtemps qu’elle ne l’était pas avec Mehdi, mais elle n’en prenait vraiment conscience que maintenant. Et surtout, elle était persuadée que seule, elle n’arriverait pas à le quitter.

Installés devant le café, ils restèrent silencieux cherchant quel sujet aborder. Elle n’avait qu’une envie, être dans ses bras et lui, se sentait troublé. Depuis son divorce, il avait perdu confiance en lui et avait le sentiment de ne plus plaire aux femmes. Il ne savait plus comment s’y prendre avec elles. Pourtant, une partie de lui était à l’aise avec celle-ci. D’ailleurs, c’était pour ça qu’il avait sauté le pas et osé l’inviter.

-         Qu’est-ce que vous faites dans la vie, Luna ?

-         Pour l’instant, je suis au chômage. Mais, on peut peut-être se tutoyer maintenant ?

-         Oui, bien sûr. Et tu recherches dans quoi ?

-         Dans la coiffure.

-         T’as des pistes ?

-         Non, pas pour le moment, dit-elle tristement.

-         Ça va bien finir par venir, répondit Maxence pour la rassurer, tout en se sentant aussitôt ridicule avec sa phrase type.

-         J’espère. Mais parlons d’autre chose, tu veux ? dit-elle en souriant.

Maxence et Luna restèrent longuement à parler de choses et d’autres. Maxence faisait rire Luna et la jeune femme avait une écoute attentive. Maxence appréciait ces instants de partage et de rire. Tous les jours, ils se retrouvèrent au café uniquement pour discuter. Il y avait un étrange jeu de séduction entre eux deux sans pour autant que l’un ou l’autre n’ose franchir le pas. Une attirance réciproque existait et n’importe qui de l’extérieur pouvait ressentir ce désir.

 

Durant les derniers mois, la Police d’Elbeuf gardait un œil sur Mehdi. Les policiers savaient que celui-ci trempait dans des affaires louches. Maxence réalisa que Luna était proche de cet homme. Il espérait profondément qu’elle ne participât pas à ses méfaits. Maxence ne disait rien à ses collègues de ses craintes. Luna paraissait être une femme honnête et sans addiction à la drogue. Elle ne pouvait pas se droguer, ce n’était pas possible !

 

La veille du vol qu’elle devait effectuer avec Mehdi, Luna était stressée. Elle n’arrivait pas à tenir en place et la peur la tenaillait, de plus en plus forte. Il y  avait un gros risque qu’elle soit arrêtée et elle n’arrivait pas à se calmer. Toute la journée, elle allait et venait dans son appartement, cherchant un apaisement.

A moitié fiévreuse, Luna décida de contacter Maxence. Elle savait qu’il ne travaillait pas. Elle avait besoin de le voir. Elle ressentait ce besoin, c’était comme  une obsession. Depuis plusieurs jours, Maxence ne lui sortait plus de la tête.

Lorsque le jeune policier frappa à la porte d’entrée, Luna ouvrit et l’attira aussitôt vers elle pour l’embrasser. Très réceptif, Maxence lui rendit son baiser. Tout en le serrant contre elle, Luna le conduisit dans sa chambre en se déshabillant petit à petit. Ils firent l’amour passionnément. Leur étreinte était torride et sensuelle. Luna n’aurait jamais pensé ressentir cela avec un autre homme que Mehdi. Elle en était heureuse. Elle ne voulait plus quitter Maxence un seul instant.

De son côté, le jeune policier ressentait la même intensité, la même force d’amour. Mais cet amour lui semblait difficile à vivre et avait peu de chance de durer dans le temps. Pourtant, il aimait la jeune femme. Cependant, Mehdi était son ami. Maxence ignorait la véritable relation qui les unissait. Tout ce qu’il comprenait, c’était que le jeune homme avait un casier et qu’il était dangereux. Maxence n’arrivait pas à admettre que Luna fréquentât cet homme. Il espérait sincèrement qu’elle ignorât tout de ses méfaits ; en même temps, il était certain qu’il était quasiment impossible qu’elle n’en sache rien.

Mais là, ce soir, il préférait ne pas se poser de questions et profiter de Luna. Maxence savait qu’avec son ex-femme, il avait été trop gentil, trop attentif et que cela l’avait amené à divorcer. Alors, il ne voulait pas refaire la même erreur avec un nouvel amour. C’était décidé : désormais, il profiterait de l’instant présent. La douceur de Luna lui permit de réaliser qu’il était un homme et qu’une présence féminine lui manquait. Toute la nuit, ils restèrent tous deux enlacés. Elle s’accrochait à ses bras comme pour s’assurer de sa force masculine. Lui, entoura Luna de ses bras. Il avait besoin de sentir le parfum de sa peau.    

 

Le vol :

Maxence s’en va travailler dans la matinée.

Ils ne se revoient pas de la journée.

Le soir, il doit s’occuper de ses enfants.

Vers 23h, Mehdi vient chercher Luna avec une camionnette.

Ils se dirigent vers la médiathèque.

Le quartier est désert, contrairement à la rue des Martyrs.

Ils peuvent opérer tranquillement.

Le camion est garé sur le parking de la médiathèque à quelques mètres de la porte d’entrée.

Les jeunes gens contournent le bâtiment et avec les clés de sa cousine, Luna ouvre la porte de service.

A l’intérieur, il faut faire un code qu’elle a extirpé à sa cousine en la faisant boire.

Ils montent à l’étage. Les portes de la pièce où se trouvent les livres sont ouvertes.

Ils arrivent devant le meuble. Là encore, il faut composer un code en tournant une petite manette. Luna ne connaît pas le code, Mehdi encore moins, mais il tente de le trouver en testant délicatement le mécanisme avec ses doigts. Il a l’habitude. Il ne lui faut pas longtemps pour ouvrir la porte. Il découvre les livres à l’intérieur. Mehdi ne s’attendait pas à ce qu’il y en ait tant, qu’ils soient si grands et si lourds. Il faut faire plusieurs voyages à l’aide d’une couverture. Il fait seul la navette entre la médiathèque et le fourgon. A priori, personne ne le voit. Ils repartent quand c’est fini en veillant à bien refermer les portes.

 

XXXXXXXXXXXXX

 

Le lendemain matin, Maxence était heureux de se réveiller dans les bras de la jeune femme. Leur différence d’âge ne lui posait aucun problème. Tout ce qu’il voulait, c’était profiter de sa présence. Luna, à moitié endormie, se blottit un peu plus dans les bras de son amant.

Après avoir bu son café, il partit travailler. Ils étaient tristes de se quitter, ne serait-ce que quelques heures. Maxence était désolé de ne pas pouvoir la voir davantage. Malheureusement, une longue journée l’attendait. A la porte d’entrée, il embrassa tendrement Luna en lui promettant d’être de retour le lendemain matin. Il devait s’occuper de ses filles le soir même, alors il savait qu’il ne la reverrait que vingt-quatre heures plus tard. Trop long pour lui.

Luna laissa sortir Maxence malgré sa folle envie de le garder près d’elle. Elle se demandait avec angoisse si elle le reverrait le lendemain. Elle regrettait déjà ce qu’elle devait faire le soir même. Elle le ferait à contrecoeur, plus encore maintenant que sa vie semblait prendre un tour nouveau. Elle avait l’impression de déjà trahir Maxence.

La jeune femme resta toute la journée chez elle en espérant que son amant puisse passer la voir entre deux. Elle savait bien que ce ne serait pas possible, mais elle espérait tout de même. A l’heure de midi, Mehdi frappa chez elle. Il espérait qu’elle garderait le cran d’exécuter le vol avec lui. Il connaissait le courage de son amie, mais il était conscient, cette fois, de lui avoir forcé la main. Et ce qu’il connaissait par-dessus tout, c’était l’entêtement de la jeune femme.

-         Qu’est-ce que tu fais là, Mehdi ?

-         Je venais voir comment tu allais.

-         C’est nouveau, ça. Tu as plutôt peur que je te laisse tomber ce soir.

-         C’est qui ce mec qui vient de sortir de chez toi ?

-         Tu m’espionnes ?

-         Je t’espionne pas. C’est Kamel qui l’a vu sortir d’ici.

-         Et puis, qu’est-ce que ça peut te faire ? On n’est plus ensemble. Ca te regarde plus.

-         C’est toi qui as rompu, pas moi.

-         Eh bien, justement, ça ne te regarde pas !

-         Si, ça me regarde, car je t’aime toujours !

-         Arrête, tu ne m’as jamais aimée !

-         C’est toi qui le dis. Tu es ma petite amie et il est hors de question de rompre.

-         C’est déjà fait.

-         T’es amoureuse de ce mec ?

-         Je n’en sais rien ! répondit-elle sincèrement.

Elle savait très bien qu’elle avait pensé être amoureuse de Mehdi et en fait, il n’en était rien. Alors, comment pouvait-elle savoir si elle aimait vraiment Maxence ? Luna, elle, en avait l’impression mais elle préférait se protéger un peu. Elle n’osait pas s’abandonner totalement à ce nouvel homme. Elle se sentait envahie par un amour profond pour lui, cependant pour le moment, elle préférait le taire. Elle ne voulait pas souffrir une seconde fois. Luna se dit qu’il valait mieux prendre du bon temps avec cet homme sans trop s’attacher à lui. D’ailleurs, elle savait que leur histoire risquait de prendre fin dès ce soir avant même d’avoir réellement commencé. Luna ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir. Elle s’était encore laissé manipuler par Mehdi ! Quel ami était-il vraiment ? Elle prenait tous les risques pour lui et lui, que faisait-il pour elle ? A part l’avoir menée à la drogue ? A part l’entraîner dans un vol ? Rien ! Luna se rendit compte que leur relation ne fonctionnait que dans un sens. Elle était attristée de s’être fait mener par le bout du nez par ce soi-disant ami.

-         T’as couché avec lui ?

-         Va te faire foutre ! s’énerva Luna qui lui jeta à la figure le manteau qu’il venait d’enlever pour bien lui faire comprendre qu’il devait sortir de chez elle.

-         Comment s’appelle-t-il ?

-         Demande à ton espion !

-         La prochaine fois que je le vois, je lui ferai passer l’envie de baiser avec ma meuf !

-         Je ne suis pas ton objet, Mehdi ! Tu ne m’as jamais traitée comme ta copine, mais comme ta chose ! Et, pour une fois que j’ai une chance d’être heureuse avec un homme, tu te dis mon petit ami ? Mais va te faire foutre ! 

-         Ne me parle pas comme ça ! s’énerva Mehdi qui l’attrapa par le cou en essayant de l’étrangler.

-         Vas-y, étrangle-moi, au moins je serai débarrassée de toi ! Et pour ton coup de ce soir, tu te démerderas tout seul !

-         Mais… Luna… Tu ne te rends pas compte… à quel point je t’aime… Tu ne peux pas me quitter, j’en mourrais ! gémit-il, posant ses mains sur son visage et sanglotant tout contre elle.

-         On ne s’est jamais aimés, Mehdi, ouvre les yeux !

-         Tu es toujours d’accord pour ce soir ? demanda Mehdi qui comprit que ce n’était pas la peine de discuter plus longuement avec elle au risque de se retrouver seul pour le vol de la médiathèque.

A contrecoeur, elle lui fit signe que oui. Mehdi sortit de l’appartement en précisant qu’il viendrait la chercher vers les vingt-trois heures.

Une fois qu’il fut sorti de chez elle, Luna s’effondra. Elle savait qu’il pouvait être violent, il l’avait été parfois devant elle, mais jamais contre elle. Luna comprit combien son ancien ami était capable d’être dangereux même s’il n’était pas allé trop loin jusqu’à ce jour. Justin en avait fait les frais. Mehdi avait toujours tout mis sur le dos du pauvre garçon. Luna réalisa soudain que le gamin lui avait dit la vérité.

Plusieurs personnes avaient essayé de la mettre en garde ; elle n’avait rien entendu. Plusieurs petites choses auraient dû lui ouvrir les yeux. Elle s’en rendait enfin compte, c’était bien trop tard !

Luna pleura de plus belle. Ce soir, elle allait faire la plus grosse bêtise de sa vie. Elle le savait ! Quoi qu’il en soit, elle était prise dans un engrenage, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Tout ce qu’elle espérait, c’était que Maxence n’apprenne jamais rien.

Luna passa toute sa journée à se morfondre. Elle avait une envie folle d’appeler Maxence et de partir avec lui loin de tout ça, loin de tout le monde. Elle savait qu’elle rêvait totalement, toutefois c’était ce qui lui permettait de tenir. Luna avait la sensation d’avoir fait bêtise sur bêtise tout au long de sa vie. C’était vrai, à dix-huit ans, sa vie se résumait à ça. Elle avait l’impression de n’avoir fait que des erreurs, des mauvais choix.

A vingt-trois heures pile, Mehdi vint frapper à sa porte. Son attitude était aussi décontractée que s’il faisait une sortie dans une boîte de nuit. Luna n’en revenait pas. Elle, elle avait l’impression d’être en ébullition. L’adrénaline, la peur, elle n’avait plus ressenti cela depuis son dernier vol pour une dose. Cette fois, elle le faisait pour aider son ami, enfin « soi-disant ami ». Après, elle ne voulait plus aucun contact avec lui. Après ? Oui, qu’y aurait-il après ? C’était sûr, elle ne le reverrait pas avant un long moment s’ils étaient arrêtés ! Mais elle, elle aurait gagné, enfermée en prison ! Cette vision l’effrayait ! Pourquoi risquait-elle ainsi sa vie pour lui ? Le méritait-il ? C’était pourtant vrai qu’il avait été là lorsqu’elle avait le plus besoin de parler, de rire. De ça, elle lui était reconnaissante. C’étaient de bons moments et elle ne les oublierait jamais.

Telle une zombie, elle suivit Mehdi et monta dans la vieille camionnette. Il lui parlait, elle n’entendait rien. Il roula jusqu’à la médiathèque. Elle ne vit rien du paysage.

Dans la rue principale de la ville, la rue des Martyrs, seuls quelques clochards, quelques âmes perdues, étaient dehors. Mehdi n’était pas très rassuré de les voir là. Il tourna à droite, puis à gauche et arriva sur le parking de la médiathèque. Il n’y avait personne. C’était désertique. Cela rassura Mehdi qui resta tout de même sur ses gardes. Ils pourraient agir tranquillement. L’adolescent rapprocha sa camionnette le plus près possible de la médiathèque.

-         T’es prête ?

-         Tu es sûr de vouloir faire ça ?

-         T’as entendu le Russe comme moi !

Luna sortit de la camionnette avec une boule au ventre. Elle passa la première puisqu’elle connaissait le lieu. Mehdi, derrière elle, s’assura qu’il n’y avait personne dans les alentours et surtout pas de flics. La seule chose qui rassurait Luna, c’était le professionnalisme de Mehdi. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui. D’ailleurs, sur ce coup, cela valait mieux pour lui. C’était tout de même lui qui risquait de se faire tuer ou battre par le Russe.

Les deux jeunes gens contournèrent la médiathèque pour pouvoir entrer par la porte de service. A l’aide de la clé de sa cousine, Luna réussit à ouvrir sans aucun souci. Aussitôt à l’intérieur, elle fit le code d’entrée.

-         Il va falloir que tu me dises comment tu as fait pour que ta cousine te le donne ? sourit Mehdi.

Luna le regarda d’un air espiègle. Elle n’avait pas l’intention de lui révéler son secret. Il n’y avait rien de bien glorieux à faire boire sa cousine, même si celle-ci s’enivrait volontiers et avait la parole facile, même sans alcool dans le sang.

Le code désactivé, Luna monta les étages. Sans un mot, Mehdi la suivit. Ils connaissaient tous deux la mission de chacun et le jeune homme ne tarderait plus à intervenir.

-         Ils sont derrière cette porte ! lança Luna, persuadée que les portes seraient fermées à clé.

Luna clencha  et la porte s’ouvrit.

-         Ca me paraît un peu trop facile ! s’exclama-t-elle.

-         Parle pas si vite… regarde ! répliqua Mehdi en découvrant le meuble où se trouvaient les livres. Il ne parviendrait pas à l’ouvrir sans composer le code adéquat.

-         Merde, je l’avais oublié, celui-là… J’ai pas le code !

-         Pas grave, je fais faire autrement.

-         Alors, à toi de jouer, maintenant !

Mehdi s’accroupit devant la petite manette et testa délicatement le mécanisme avec ses doigts. Ce genre de système lui était familier. Il ne lui fallut que quelques secondes pour désactiver le code et ouvrir le meuble. Le jeune homme regarda attentivement les livres et se demanda ce qui pouvait tant plaire au Russe là-dedans ! Pour lui, ce n’étaient là que de vieux ouvrages tout poussiéreux. Tout ce que le jeune homme voyait là, c’étaient de grands et gros bouquins lourds et encombrants.

-         Donne la couverture ! ordonna-t-il, pressé d’en avoir fini.

Luna sortit la couverture du sac à dos qu’elle avait emporté et la posa à terre. Mehdi prit en charge le transport de chaque livre jusqu’à la camionnette. Ce fut une double épreuve, son dos étant mis à mal à chaque fois. Il ne s’attendait pas à un tel format ni à un tel poids. Après plus de trois quarts d’heure, il referma les portes de la camionnette. Il était soulagé car personne ne l’avait vu, du moins l’espérait-il !

Luna s’assura de ne laisser aucune trace de leur passage à la médiathèque. De son côté, elle referma les portes de l’armoire, les portes intermédiaires et enfin celle de service avant de rejoindre Mehdi. Soulagé, chacun s’apprêta à rentrer chez soi. Luna ressentit une grosse culpabilité. Elle qui voulait revenir dans le droit chemin ! Lui était tout excité et heureux d’avoir réussi. Il déposa la jeune femme chez elle et repartit avec la camionnette. Il avait l’intention de dormir un peu avant de remettre les livres au Russe.

Dans son lit, Luna n’arriva pas à s’endormir. Elle était accablée par la tristesse et l’euphorie mêlées. Elle savait que ce n’était pas bien, mais le fait d’avoir peur de se faire prendre l’avait émoustillée. 

Le lendemain matin, elle fut réveillée en sursaut vers sept heures par la sonnette de la porte d’entrée. La notion du temps lui échappait encore et elle ressentit une angoisse passagère. Etait-ce la Police ? Venait-on l’arrêter ? Lorsqu’elle ouvrit, encore endormie, elle fut heureuse et soulagée à la vue de Maxence. C’était bien la Police mais pas pour ce qu’elle craignait. A peine lui avait-il dit bonjour qu’il l’enlaça et l’embrassa longuement. Maxence l’emmena jusqu’au lit. Il avait la sensation de ne pas l’avoir retrouvée pendant des semaines. Ce matin, il réalisait combien elle pouvait lui manquer. Chaque moment passé avec elle lui redonnait l’impression de revivre. Il était heureux de l’avoir rencontrée.

Ils restèrent tous les deux enlacés durant toute la journée. Maxence se sentait de plus en plus épris de la jeune fille et cela lui faisait peur. Il ne savait pas comment se l’expliquer, mais Luna était devenue comme une drogue pour lui. Ne pas la voir, ne pas lui parler, ne pas recevoir de SMS le rendait triste. C’était un amour très fort. Luna éprouvait-elle la même chose pour lui ? Il n’ignorait pas que Mehdi était dans sa vie. Quelle relation avaient-ils exactement ? L’aimait-elle ? Maxence se posait des milliers de questions. Luna pouvait-elle vraiment s’intéresser à lui, Maxence, agent de Police ? Etait-elle impliquée dans les affaires louches de ce Mehdi ? Voudrait-elle simplement aller plus loin dans leur relation, sachant qu’il était policier ? Maxence sentait que cette histoire finirait mal, pourtant il voulait y croire. Leur amour serait plus fort. Parfois, Luna montrait des signes de réelle affection pour lui. Il ne pouvait pas se tromper là-dessus, tout de même ! Elle paraissait heureuse avec lui. Le jeune homme était prêt à se battre pour conquérir totalement son cœur. Il était prêt à tout pour la sortir des magouilles de son ami. Maxence réalisait qu’il l’aimait d’un amour profond et sincère. Il voulait la couvrir de cadeaux. Il voulait son bonheur. Chaque moment passé avec elle était un pur ravissement.

Seules ses filles et Luna lui permettaient de tenir. L’entrée de la jeune femme dans sa vie était un réel cadeau. C’était son rayon de soleil. Elle seule lui donnait la force d’aller au travail. Pourtant, le jeune homme aimait son boulot, mais c’était trop dur depuis sa séparation d’avec sa femme. Maxence savait très bien que c’était à cause de son travail qu’ils avaient divorcé. Il en arrivait même parfois à détester son job. Il avait choisi ce métier par vocation et depuis, il en était arrivé à le maudire. Voir la misère, voir les violences conjugales, voir la haine envers les policiers le rendait aigri. Il ne se supportait plus, il ne s’aimait plus. Sauf depuis sa rencontre avec Luna. Elle était devenue sa bouée de sauvetage et c’est ce qui lui faisait peur. Que deviendrait-il si elle devait partir ? Survivrait-il ? Pour l’instant, il en doutait. L’amour de ses filles suffirait-il ? Cela lui permettrait de survivre, mais pas de vivre. Il en était conscient.

Maxence sentait sur la peau de la jeune fille un doux parfum fruité. Il profitait de cette peau douce en la caressant. Maxence aimait lorsque Luna frémissait à chacune de ses caresses. Le jeune policier aurait souhaité que ce moment dure une éternité. Il se sentait tellement bien avec elle.

Luna qui avait mal dormi à cause de sa culpabilité se laissa aller dans ses bras. Son corps fort et musclé la rassurait. Elle se sentait à l’abri auprès de lui. La jeune femme espérait qu’il puisse rester toute la journée à ses côtés. Elle ne voulait plus le quitter. Elle ne pensait même plus au vol de la médiathèque. Elle ne se préoccupait plus de rien. Elle était avec lui et c’était tout ce qui comptait.

Le lendemain matin, Maxence partit travailler. Ils avaient le cœur déchiré de devoir se quitter. Il lui promit que ce ne serait que pour quelques heures. Sa journée terminée, il reviendrait près d’elle sans repasser chez lui car il aurait la garde de ses filles en fin de semaine. Il avait l’intention de passer la semaine avec Luna. Elle en était heureuse, mais espérait que Mehdi ne gâcherait pas tout. Elle priait pour qu’il soit trop occupé par le Russe.

Maxence entra dans la salle de réunion. Il était en retard et prit place au fond de la pièce.

-         Le jeune a été vu il y a deux nuits en train de voler. On l’a revu faire du trafic dans Elbeuf.

-         Il paraîtrait même qu’une jeune femme était avec lui.

Maxence reçut un électrochoc. Il reconnut Luna aux côtés de Mehdi sur une image projetée sur un écran.

-         Je crois que tes infos sont mauvaises, Duval, intervint-il. Elle n’a rien à voir là-dedans, elle.

-         Qu’est-ce que tu en sais, toi ? Tu vas m’apprendre mon métier ? se fâcha Duval.

-         Moi aussi, je suis sur le terrain. Je sais très bien qu’elle n’est pas impliquée là-dedans.

-         OK, les gars ! Vous me surveillez tout ce petit monde. S’il a volé, c’est certainement pour revendre. Alors, mettez-vous là-dessus ! trancha le commissaire de police.

Tout le monde se leva et quitta la salle. Théodore s’approcha du jeune homme.

-         Tu prends un sacré risque en protégeant cette fille ! C’est pas parce que tu couches avec elle qu’elle est clean.

-         Occupe-toi de tes affaires ! s’énerva Maxence qui, pour la première fois, se fâchait contre son ami.

-         Moi ce que j’en dis… C’était pour toi !

Ils sortirent à leur tour de la salle.

 

Le soir même, Mehdi se rendit chez Luna. Le Russe avait remis leur rendez-vous de quelques heures. Mehdi devait le voir très bientôt et il entendait bien que Luna l’accompagne.

 

Plan pour la suite :

Luna refuse catégoriquement.

Rencontre de Mehdi avec le Russe.

La Police surveille. Maxence fait partie des effectifs de surveillance.

Dès que le Russe commence à prendre le chargement, les policiers interviennent. Mehdi est arrêté et le Russe aussi ainsi que son chien de garde.

Mehdi est interrogé et mis en garde à vue. Le Russe et son acolyte aussi. Mais il est « haut placé ». Immunité diplomatique.

Duval interroge Mehdi. Ce n’est pas son rôle, mais Duval accepte que Maxence observe l’interrogatoire derrière une vitre. Maxence aimerait bien pouvoir prouver l’innocence de Luna car au fil de l’interrogatoire, il se rend compte qu’elle est impliquée dans l’affaire. Mehdi est égoïste. Il ne pense qu’à sa pomme. Il est jaloux et il sait que le nouvel amoureux de Luna est un policier.

Mehdi balance Luna.

Duval veut arrêter Luna.

La suite et fin : top secret !